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« RÉFLEXIONS INQUIÉTANTES »
La réunion de la commission de suivi 4D avait été principalement exigée par la CGT, approuvée par la CFDT, et son ordre du jour essentiel portait sur la stratégie de la direction du réseau France pour 2009. Logiquement, après l'assemblée générale des actionnaires, qui avait été l'occasion d'obtenir de la Direction Générale un engagement sur l'emploi pour 2009, et l'ouverture attendue d'un chantier sur les rémunérations le 17 juin, la politique du réseau, qui reste la principale source de stabilité des résultats du groupe, restait l'autre grande question à débattre. La commission a commencé par l'exposé de Jean François Sammarcelli : « le réseau souffre depuis 18 mois ! »... Selon le directeur du réseau, les résultats sont globalement bons, y compris sur les objectifs. Une situation qui n'est donc « pas alarmante », mais qui, du fait du contexte économique, entraînera mécaniquement une baisse du PNB, avant qu'une amélioration intervienne. L'impact principal du contexte économique porte sur « l'explosion du coût du risque » dû à « une crise économique extrêmement forte », risque sur les crédits aux PME, qui a coûté 250 millions au 1er trimestre et pèsera en négatif sur les résultats pour environ 1 milliard en 2009. En conclusion sur ce chapitre, JF Sammarcelli a précisé que la rentabilité du réseau allait baisser "assez fortement" cette année, mais que cela ne doit pas conduire à modifier notre stratégie. Parlons-en de cette stratégie... Sammarcelli a poursuivi son exposé sur ce point et fait part de « réflexions » qui devraient aboutir pour la journée des directeurs de Deauville. Des "réflexions" sans lien forcément apparent, mais dont la cohérence est inquiétante, tant elle a un air de déjà vu du temps du trop fameux « Plan Flichy ».Il y a d'abord le projet de re-segmenter la clientèle. Il s’agit maintenant de s'occuper du segment « grand public » qui représente 77% de la clientèle soit 6 millions de clients. Sammarcelli veut « retrouver les clients les plus intéressants, dénicher les pépites, différencier les produits ». Il y a de plus le second projet qui porte pour l'essentiel sur l’accentuation de l'automatisation de la relation clientèle. Ces réflexions pourraient être interprétées comme une accélération de la pression destinée à satisfaire au plus vite l'objectif de retour à un ROE de 15% promis par le nouveau PDG à l'assemblée des actionnaires et aux marchés financiers. C'était aussi la logique du « Plan Flichy » en 93, avec la conséquence que l'on connaît d'affaiblir la place de la Société Générale sur le marché bancaire national. Après avoir écumé les fonctions supports avec 4D, ne peut-on se demander si la culture de rentabilité n'est pas en train de s'attaquer au fonds de commerce ! Bien entendu, JF Sammarcelli a protesté de sa bonne foi, et que nous nous inquiétions pour rien.Cette fois-ci, nous avons demandé, et obtenu qu'une discussion s'ouvre entre les organisations syndicales et la direction du réseau sur l’application de l’accord social. À notre question directe : Nous ne comprenons pas comment, lorsque la DRH admet auprès de nous qu'une règle n'est pas respectée, un patron local puisse répondre, je m'en fous, chez moi, je fais ce que je veux ! JF Sammarcelli nous a répondu, « moi non plus (je ne comprends pas) ! » et il a précisé : « l'indiscipline n'a plus cours ».
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TRAHI PAR LES SIENS
« Si nous trouvions des partenaires prêts à nous rejoindre, nous regarderions certainement un tel projet. Mais la gestion d'actifs, au même titre que la banque de détail ou la BFI, est une activité centrale pour notre groupe et tout ce qui est central, il est important d'en garder le contrôle », a expliqué Baudouin Prot, Directeur Général de BNP Paribas. Cet extrait des Échos revêt une certaine saveur quelques jours après que Frédéric Oudéa nous ait expliqué que la décision de vendre SGAM à CAAM, et donc perdre le contrôle de notre gestion d’actifs, était sa décision. Où l’on constate que l’omniscience varie selon le patron…
J’Y CROIS PAS
On a donc bien compris qu’en septembre, SGAM-Ai allait rejoindre LYXOR, et que la consultation du CE porterait sur un Plan de Sauvegarde de l’Emploi, avec départs volontaires mais sans licenciements, motivé par un nombre de suppressions d’emplois non encore déterminé, puisque soumis à l’avis du CE… sachant que LYXOR occupe environ 300 salariés et SGAM AI 250 salariés, combien en restera-t-il ? La réponse se trouverait-elle déjà dans la Bourse des emplois ? Sous nos yeux écarquillés ne peut-on y lire cette annonce de recrutement d’un DRH pour… LYXOR ! L’annonce précise « votre mission sera la gestion RH d’une filiale autonome résultant d’une fusion de 500 salariés dont 400 en France ». Inutile de préciser que la nouvelle a fait le tour chez SGAM, où l’on apprécie beaucoup l’idée que le poste d’Exécuteur des basses œuvres soit ouvert ainsi ! Côté syndical, on apprécie également énormément la valeur de la signature de la direction sur l’accord (signé par d’autres) et de sa parole sur « le dispositif exceptionnel de reclassements que nous allons mettre en place ». Dans les milieux populaires, on utilise sur la fiabilité d’une telle parole, un qualificatif, que la décence interdit dans nos infos.
LES EMBROUILLEURS
L’affaire a fait grand bruit, le porte-parole de l’UMP, Frédéric Lefèvre, a déposé une proposition de loi visant à permettre « aux volontaires » de travailler à domicile pendant un arrêt maladie. Pendant que les médias s’intéressaient à l’embrouille, les députés votaient tranquillement la fin d’un délit qualifié depuis la fin du 19ème siècle : le marchandage autrement appelé « prêt de main d’œuvre ». Pour bien comprendre de quoi il s’agit, il faut penser à ces nombreuses sociétés fournissant de la sous-traitance aux grands groupes, dont le nôtre, pour des tâches ou des métiers qui devraient être assurés par du personnel sous statut de l’entreprise. Depuis le 19ème siècle, le prêt de main d’œuvre à titre onéreux était un délit, ce qui a conduit d’ailleurs un ancien DRH devant la police et le tribunal à la suite d’une action engagée par la CGT pour faire réintégrer des salariés d’OPER. Si la loi poursuit son parcours jusqu’au bout, ce ne sera plus le cas, et les employeurs auront les mains totalement libres, l’assemblée les aura enfin délivrés de « l’instabilité juridique » (comprenez pénale) comme dit le MEDEF. Pas ça chez nous pensez-vous ? Laissez-nous vous narrer l’histoire de ce CDD de 18 mois en Afrique, prolongé de 6 et doublé d’un contrat de mission… lequel contrat fait justement l’objet de l’accord proposé à la signature des syndicats par la branche AFB. Le hasard n’existe pas…
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CHANTIER SALAIRES
Le « chantier » sur les rémunérations va donc s’ouvrir en juin comme il était convenu. On se souvient que c’est l’engagement qui avait été demandé à Frédéric Oudéa, un engagement qu’il a confirmé à l’assemblée des actionnaires dans ses réponses aux questions posées par le CCUES au nom des salariés. La première réunion est fixée au 17 juin, et une seconde est prévue fin juin. Ce rythme de sénateur nous interroge sur la capacité de la DRH à bien avoir compris l’ampleur du problème et les moyens qu’il va falloir consacrer pour lui trouver des solutions. L’essentiel du mécontentement provient en effet du sentiment d’opacité ressenti dans les décisions d’augmentations individuelles aussi bien que dans l’attribution du variable ou du bonus. Cette opacité génère des écarts injustes et injustifiés qui deviennent plus importants au fil des années. On est loin du respect de la loi qui oblige les employeurs à permettre au salarié de comprendre les éléments objectifs qui servent à fixer sa rémunération, aussi bien fixe que variable. La CGT a souligné l’accroissement de ces écarts depuis la mise en place de la nouvelle classification en janvier 2000, dans chaque négociation salariale annuelle… mais si des mesures correctrices ont été prises dans quelques accords salariaux, l’absence de règles a permis aux dérives de se poursuivre. Et les écarts injustifiés sur le fixe ne sont rien en comparaison des écarts sur le variable ou les bonus ! Sur cette partie de la rémunération, on a d’ailleurs atteint un seuil critique. Il ne faut pas oublier en effet que cette forme de rémunération est d’abord motivée par la volonté patronale de s’affranchir des contraintes pesant sur le salaire fixe, notamment par le fait que c’est le moyen de faire varier à la baisse la rémunération d’une année sur l’autre. On atteint désormais couramment à la Société Générale une moyenne de 10% de variable sur la rémunération totale annuelle des techniciens, et plus de 30% pour les cadres. Or, ces rémunérations sont exclues de toute prise en compte dans les garanties sociales comme le maintien du salaire pendant la maladie ou la maternité par exemple, bien que soumises à cotisations. La CGT entend donc proposer de fixer un cadre de règles pour le salaire fixe et le revaloriser, mais aussi de revenir sur l’échec des négociations sur le variable et le bonus. La direction s’était contentée de discuter « des critères d’attribution », qui est une part importante du problème, mais il faut aussi limiter la part du variable dans la rémunération globale. Il s’agit donc de bien plus que de la traditionnelle négociation salariale annuelle obligatoire, la « NAO » dans le langage des initiés, où la direction fait un tour de table des demandes syndicales, avant de s’asseoir dessus et de revenir avec une « proposition ». En janvier 2009, il s’agissait d’une prime oscillant entre 550€ de plancher et 1350€ de plafond dont nous devrons discuter de l’intégration dans le salaire de base pour le 1er janvier 2010. Si l’on considère donc le rythme auquel s’engage ce chantier, ainsi que les propos de Frédéric Oudéa à l’assemblée des actionnaires sur le contexte économique peu propice à l’augmentation des charges salariales, la discussion risque de révéler rapidement des sujets de grandes fâcheries…
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LES JEUX SONT FAITS
L’assemblée des actionnaires était prévue « houleuse », elle fut plutôt d’un calme olympien ! À peine quelques hou lorsque Frédéric Oudéa prononça le nom honni de son prédécesseur… Nous avons donc désormais un P et un DG, soit 2 pour le prix d’un, sans coup férir. À propos de prix, on retiendra l’incroyable plaidoyer de Jean Martin Foltz, dont on sentit l’effroi devant l’outrecuidance des manants, qui osaient trouver les grasses rentes et pensions attribuées par le conseil par trop dispendieuses. Comme au temps de l’ancien régime, Jean Martin apparut un peu décalé avec un inimitable parlé ampoulé pour répondre à un actionnaire suggérant d’aligner l’indemnité de départ de Frédéric Oudéa, environ 2 millions, sur celle de son épouse travaillant à la SocGen, fixée réglementairement à 6 mois de base. D’ailleurs, ne sont-ils pas jusqu’à 2500 à se goinfrer ?... ce qui, assurément, rend la chose moins condamnable selon Jean Martin ! La question des rémunérations des dirigeants et des retraites dorées fut donc expédiée en deux coups de cuillère à pot. Bien sûr, notre nouveau PDG a confirmé les engagements pris devant les organisations syndicales sur l’emploi et l’ouverture du « chantier » sur les rémunérations en juin. À propos du partage des richesses en 3 tiers, nous avons entendu une inquiétante réponse attribuée au conseil d’administration, dans laquelle on a reconnu un argument de Frédéric Oudéa : « vous coûtez bien assez cher comme cela en temps de crise » motivé par un amalgame des salaires qui rémunèrent le travail fourni avec le partage des richesses créées. Un autre grand moment fut celui de la traditionnelle intervention du « président » de l’association des actionnaires réclamant son strapontin au conseil d’administration. Frédéric Oudéa l’a sèchement renvoyé à sa condition en lui rétorquant « il fallait vous présenter à l’élection » ! On retiendra surtout le discours de clôture de Frédéric Oudéa, affirmant sa confiance dans le modèle de banque universelle choisi par la Société Générale, qui devra figurer parmi « les consolidateurs » d’un paysage bancaire mondial profondément changé… tout en en laissant planer le doute sur certains métiers « où nous sommes moins solides » qui pourraient faire l’objet de partenariats ou de cessions. L’auditoire a-t-il motivé cette profession de foi très différente de celle affichée devant les délégués syndicaux : « je n’ai pas été nommé pour vendre » ? Sans doute l’impatience de dividendes retrouvés fut-elle pour quelque chose dans l’objectif à nouveau proclamé de distribuer 45% du résultat aux rentiers et à un ROE fixé à 15% « en moyenne de cycle ». On aurait tort toutefois de n’y voir que l’espoir de revenir au bon vieux temps. Le discours était attendu, et ce n’est pas anodin que le nouveau PDG annonce que la rentabilité va forcément baisser, au moins de 5%. Il restera à le faire comprendre à tous les étages, notamment à tous ceux qui voudraient que tout continue comme s’il n’y avait pas de crise. De ce point de vue, la prochaine étape intéressante sera la commission de suivi 4D du 9 juin, devant laquelle le Directeur du réseau France, Jean François Sammarcelli, va venir s’expliquer sur la politique commerciale 2009. Bien anesthésiée par une mécanique huilée de discours et réponses à rallonge, l’assemblée a voté les résolutions comme d’habitude avec des scores à la soviétique, jamais moins de 75%. Seul le cocktail réveilla les impatiences vers 20h.
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AG DU 19
Elle arrive à grands pas l’AG des actionnaires du 19 Mai … et « la tension est palpable », comme on dit à M6. On peut d’ailleurs en mesurer un des effets récents, les engagements pris par Frédéric OUDEA et Anne MARION BOUCHACOURT, en levant d’une part les inquiétudes sur l’emploi qui planaient sur 2009 et en ouvrant dès juin, le « grand chantier » sur les rémunérations à la SG. En attendant, les organisations syndicales se sont réunies le 14 mai pour s’assurer que les préoccupations du personnel seront bien entendues dans l’assemblée générale des actionnaires. Les résolutions présentées par les 5 syndicats et soutenues par les milliers de signatures recueillies sur la pétition ont été remaniées sous forme de questions remises au PDG pour qu’il y réponde lors de l’AG.
NOUVELLES DU FRONT
Pour la deuxième fois depuis sa récente nomination, Frédéric OUDEA est venu rencontrer les élus du CCE , cette fois-ci à l’occasion de la publication des comptes SG. Réunis en séance plénière cette semaine, les élus ne lui ont pas épargné le constat de résultats SG 2008 équilibrés par la banque de détail, tout en prévoyant un impact négatif en terme d’emplois dans le réseau, avec la mise en place de projet comme Orchestra et Novadis. La séance aura été aussi l’occasion pour l’expert du CCE mandaté par la CFDT, CFTC, FO et SNB, de présenter ses préconisations suite à l’affaire Kerviel… Nous avions émis des préconisations en Avril 2008, et c’était plutôt l’heure, pour la CGT de demander un bilan exhaustif des mesures prises depuis 15 mois … Mais pas seulement, car sous couvert de Fighting Back fleurissent de plus en plus d’initiatives diverses et variées, comme « GPS », qui, à priori, ne semblent pas toujours aller dans le sens de l’histoire, celui d’accroitre le niveau de contrôle … La DRH a donc pris l’engagement qu’un « point précis sera effectué en fin d’année pour présenter une vue d’ensemble des mesures concrètes mises en place ».
SGAM : SAISON 2
Le CCE a aussi été l’occasion d’une nouvelle étape dans le dossier SGAM, celle de la consultation formelle des élus sur le projet. Dans un premier temps, les organisations syndicales s’étaient attachées à obtenir les garanties nécessaires pour les salariés concernés par ce démantèlement annoncé. Cette semaine, les élus devaient examiner et se prononcer sur le volet économique du projet. Frédéric OUDEA, venu commenter les résultats 2008/2009, en a profité pour ré-affirmer sa «vision stratégique» sur SGAM. S’il comprend que nous puissions contester la cession à CAAM, il réfute l’idée qu’en cédant SGAM, la SG se sépare d’un des métiers cœur de la banque et d’entacher ainsi le modèle de la banque universelle reposant sur 3 métiers stratégiques : gestion d’actifs, banque de financement et banque de détail. Nous y voyons bien là pourtant, la création d’une dépendance du groupe SG pour sa gestion d’actifs, vis-à-vis d’une société externe sur laquelle nous n’aurons qu’une influence réduite. L’ensemble des élus se sont prononcés contre ce projet.
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C’EST OUF !
Le feuilleton s’est donc terminé, provisoirement, par la désignation de Frédéric Oudéa à la responsabilité de Président en remplacement de Daniel Bouton. Il conserve ses fonctions de Directeur Général. Cette désignation est comprise à l’extérieur comme celle de « la continuité »… une interprétation que nous partageons, et qui écarte donc, pour le moment, les pires scenarii de mécano bancaire. Une de ses premières actions dans son nouveau rôle a été de rencontrer les représentants du personnel. L’après-midi même, il confirmait devant les élus du CCUES l’essentiel de ses choix stratégiques et la poursuite des projets engagés… tout en souhaitant que « nous soyons unis, solidaires, pour rester maîtres de notre destin ». Le lendemain matin, il recevait les représentants syndicaux nationaux pour commenter l’annonce des résultats du 1er trimestre. Grevé par de nouvelles dépréciations, le résultat est négatif de 278 millions d’euros, mais Frédéric Oudéa a souligné que le PNB du groupe est en progression de 16%, ce qui confirme sa solidité et sa capacité à résister à la période difficile qui devrait se prolonger jusqu’au dernier trimestre 2009. Il a fait part de sa détermination à contre-attaquer pour restaurer l’image de marque de la banque… tout en insistant sur le fait que sa dégradation se limite à l’opinion publique en France et sur un solde positif de 13000 comptes enregistré au 1er trimestre. La CGT lui a rappelé ses propos de la veille devant les élus. Il convient de restaurer l’image de marque, et pour cela, ce ne sera pas qu’une question de communication, c’est aussi un problème de relation clientèle… si on cherche à se refaire une santé sur le dos du client lambda, notre image ne va pas s’améliorer ! Quant à la solidarité qu’il appelle de ses vœux, elle se mérite. Nous verrons donc comment il entend traduire cette solidarité au quotidien. Il y a bien sur le respect de l’engagement pour l’emploi que nous lui avons demandé de prendre et qu’il a pris. Il y a aussi l’ouverture de la négociation sur le système de rémunérations au mois de juin. Mais, au-delà, il faut aussi que le ressenti de cette solidarité soit palpable par tous. En réponse, il a beaucoup insisté sur sa volonté de rupture et de renouveler le « management », en ouvrant « vers l’extérieur »… Il dit être conscient que cela fera grincer des dents ! Rupture peut-être lui avons-nous rétorqué, tout dépend de la rupture avec quoi. En effet, s’il s’agit d’abandonner quelques pratiques bien connues qui contribuent largement au malaise constaté aujourd’hui, ce sera un progrès que tout le monde attend. Les représentants syndicaux étaient unanimes pour demander à ce que ce message soit entendu. Frédéric Oudéa a conclu l’entretien en précisant que sa rémunération resterait inchangée et qu’il allait être le PDG le plus mal payé du CAC 40. Exprimant notre perplexité quant à la juste appréciation de ce que devrait être la rémunération « raisonnable d’un dirigeant », nous sommes cependant bien obligés de constater que cette rémunération, bien que plus faible que celles de ses confrères, lui assurera un train de vie confortable.
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DE CHARYBDE EN SYLLA ?
La démission de Daniel Bouton est donc censée apporter de la « sérénité » pour la Société Générale et son personnel. Si c’était le cas, ce serait très bien, mais ce n’est pas vraiment ce qui se profile. Assaillis par la presse, les représentants syndicaux ont été priés de manifester bruyamment leur satisfaction, comme si ce départ allait tout régler d’un coup de baguette magique. Dès l’aube de l’annonce, la CGT au contraire s’inquiétait de la période d’incertitude qui s’ouvre, quoi qu’en dise le communiqué lénifiant du Directeur Général. Si l’on s’en tient à son message donc, il va « poursuivre à tirer les enseignements de la crise » avec le nouveau président… sauf à parler de lui à la 3ème personne, ce ne peut qu’être un membre actuel du conseil pour être désigné le 6 mai. Notre sort dépendrait donc d’une décision du Conseil d’administration, juste avant que Frédéric Oudéa reçoive les syndicats à 17h. Ce conseil aurait déjà des favoris, et quels favoris ! D’abord le retraité de Peugeot Citroën, Jean Martin Folz, jusqu’à présent celui qui préside le comité des rémunérations du conseil, et qui décida de l’attribution des stock-options auxquelles Daniel Bouton renonça finalement. Folz, par ailleurs Président du club très fermé des très grandes entreprises privées, récidivait quelques jours plus tard dans les Échos sur une pleine page, justifiant autant ses rémunérations astronomiques que celles de ses petits camarades. Logique, ce lobby est parmi les plus acharnés opposants à une limitation de la rémunération des dirigeants. Ensuite Luc Vandevelde, viré de chez Carrefour, surnommé l’exécuteur de Marks et Spencer, dont le départ fut à chaque fois copieusement indemnisé… au point que les syndicats britanniques l’avaient comparé aux cochons qui engraissent sur le gazon anglais, une insulte chez nos cousins d’outre-Manche. Autrement dit des experts en déontologie dont la légitimité, plutôt l’illégitimité à remplacer Daniel Bouton ne fait aucun doute ! De quoi inquiéter, et le pourquoi du communiqué intersyndical : « Les organisations syndicales … tiennent à réaffirmer sans ambiguïté qu’elles n’accepteront pas que ce départ soit le prélude à une prise de contrôle de la Société Générale ou à une restructuration brutale qui menacerait l’emploi des salariés. De plus, ce départ ne résout pas les questions en débat avec la Direction Générale notamment : la cession de la gestion d’actifs au Crédit Agricole, la stratégie 2009, les rémunérations ». Frédéric Oudéa conclut son message par un appel à la solidarité dans la période difficile que nous traversons ! Parlons-en justement, solidarité bien ordonnée commence par la préservation de l’emploi des salariés du groupe, donc son indépendance, donc son intégrité. Il serait donc bienvenu, puisque nouveau Président il y a, que celui-ci prenne des engagements immédiats au plus vite, avant même l’assemblée des actionnaires du 19 mai. Le premier projet sur la table est celui de la cession de SGAM à CAAM. L’expertise mandatée par le CCUES fait clairement apparaître que SGAM est un maillon d’une chaîne dont l’intégration au groupe est stratégique, depuis la gestion d’actifs jusqu’à la conservation (SGSS) et que la gestion « classique », l’essentiel de l’activité de SGAM, a démontré sa capacité d’être parmi les meilleurs en 2008. La solidarité du groupe s’exprimera donc bien mieux en abandonnant le projet de cession. Voilà une décision que les salariés considéreraient comme une preuve concrète de cet engagement de solidarité.
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TOUS À L’ AG DU 19 MAI !
Il y en a qui vont être contents en retrouvant l’ambiance des « AG » d’antan, quand on votait la reconduction de la grève illimitée dans l’enthousiasme… sauf que cette fois-ci, ce n’est pas la grève qui sera votée, mais 5 résolutions proposées par les organisations syndicales. L’enthousiasme sera bien là néanmoins, comme le font présager les premiers échos de la pétition syndicale pour soutenir ces résolutions. Il faut dire qu’elles correspondent à un sentiment de malaise profond du personnel, qui ne supporte plus le discours de rigueur d’une direction qui ne se l’applique pas à elle-même. Les résolutions prévoient l’engagement du maintien de l’emploi, la fin des régimes privilégiés de retraite, l’indexation de la rémunération des dirigeants sur la masse salariale, le partage de la richesse créée selon la règle des 3 tiers, et un objectif raisonnable de ROE lié à l’environnement économique. Quoi de plus normal et juste ? L’inquiétude de la direction suscitée par l’initiative syndicale, que nous avons constatée, est aussi un bon indicateur. La chose est prise au sérieux en vue d’une assemblée où la fronde attendue des actionnaires, que l’on gère en vrais communicants, est bien moins gérable si le personnel s’en mêle. Frédéric Oudéa ayant raté son road show du 7 avril devant les délégués syndicaux, il revient à la DRH, Anne Marion Bouchacourt, d’être plus convaincante devant le CCUES qui va se réunir le 27 pour voter les 5 résolutions… et ce ne sera pas tâche facile, car nous attendons du concret, pas de la « comm’ ». Quoi qu’il en soit, l’assemblée des actionnaires du 19 mai va prendre un sacré coup de jeune, puisque les 5 syndicats appellent les salariés à s’y rendre, et que la moyenne d’âge des salariés est bien moins élevée que celle des barbons habitués du buffet. Le rendez-vous est à la Grande Arche de la Défense le 19 mai à 16h. Ceux qui ne peuvent pas venir ont la possibilité de nous confier leur pouvoir comme d’habitude.
LE DROIT, TOUT LE DROIT
Encore une fois, la CGT a dû intervenir contre un abus à l’encontre d’un salarié de la sous-traitance. Cette fois-ci, c’est l’exercice d’une liberté fondamentale qui était menacée : le droit de lire un tract syndical, comme si un salarié « prestataire » n’avait pas le droit de lire un tract d’un syndicat de la Société Générale ! L’interdiction s’ajoute à de nombreuses autres, comme celle de mâcher du chewing-gum… Encore une fois, les responsables maison s’abritent courageusement derrière l’argument insupportable : ce n’est pas nous qui prenons la décision, après l’avoir déclenchée. Avec un tiers du personnel des services centraux en sous-traitance, 7000 sur 21000, il n’est pas question que la CGT détourne les yeux. Nous ferons respecter les engagements que nous avons arrachés à la direction, notamment ceux portant sur les droits des salariés. D’autant que la loi sur la représentativité prévoit que lors des prochaines élections du CE et des DP, les salariés de la sous-traitance pourront choisir s’ils souhaitent être électeurs des institutions de leur entreprise, ou bien de celles de la Société Générale. Et ce choix devra leur être présenté individuellement après que la liste des entreprises concernées aura été négociée avec nous. Autant dire que cela va bouleverser les habitudes de tous ceux qui se comportent comme des petits seigneurs avec du personnel qu’ils croient taillable et corvéable à merci et qu’il vaut mieux s’y préparer.
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BONNES RÉSOLUTIONS
Après avoir rencontré le Directeur général, les organisations syndicales se sont rencontrées pour confronter leur analyse et élaborer une réaction commune. Constatant son refus de décider les gestes forts que le personnel attendait en matière de rémunération et d’emploi, il a été décidé une action commune en vue de l’assemblée générale des actionnaires du 19 mai. L’initiative est inédite, et ne s’était pas produite l’année dernière… ce qui devrait faire réfléchir Frédéric Oudéa dont le bateau tangue dangereusement. Après une réunion des « Ambassadors » dont on raconte qu’elle ne fut guère glorieuse pour la Direction générale dans une presse, certes malveillante, mais bien informée, notre capitaine n’a pas non plus convaincu les délégués syndicaux de sa sincérité à défendre « le pacte social ». Pense-t-il que ses meilleurs soutiens se recrutent sur « les marchés » ou au conseil d’administration ? Croit-il qu’il lui suffit d’ordonner et qu’il est seul maître à bord ? Graves erreurs, ce qui fait la solidité de « la Générale », c’est son personnel, et il n’est pas content justement ! Ce sera donc une première, les 5 syndicats vont faire voter par le CCUES un ensemble de résolutions à soumettre à l’assemblée concurrentes de celles du conseil. Le personnel va être invité à soutenir ces résolutions en les signant symboliquement sur une pétition. Évidemment, ces résolutions seront très différentes de celles proposées par le conseil d’administration, puisqu’elles porteront sur la limitation de la rémunération des dirigeants et la fin de leur système préférentiel de « retraite », sur la répartition du résultat, sur l’emploi, et sur l’objectif de ROE notamment. L’intersyndicale sera présente également à l’assemblée elle-même, qui se tiendra le 19 mai à 16h30 à la Défense… avec tous les salariés qui voudront venir avec elle soutenir ces résolutions, pour ceux qui le pourront, ou en confiant leur pouvoir de vote aux représentants syndicaux.
ÉVOLUTION
Le projet de réorganisation de SGCIB, baptisé évolution, a été remis au CCUES. Le nouveau patron, Michel Pérétié est venu plancher devant la commission économique du CCUES qui votera le 6 mai. Évolution décline essentiellement les orientations annoncées par le DG : réduire les risques, renforcer le contrôle transversal tout en réorientant les activités pour tenir compte de la crise financière. Évolution ne concerne en fait qu’une partie de SGCIB, soit 2130 emplois à effectif constant, les back-offices d’OPER en sont exclus et restent en l’état.
LES EXORCISTES
Dans sa feuille « les mardis de la CFTC » du lendemain de Pâques, un signe, celle-ci s’en prend à la CGT, coupable de ne pas signer une déclaration commune au CCUES et « d’isolationnisme » à SGAM… A-t-elle oublié qu’elle signa, pourtant seule, un accord salarial début 2008 ? S’inquiète-t-elle de la progression de ces satanés rouges ? L’objet est-il de les exorciser pour ne pas connaître le sort qui vient de frapper la CFTC de la BNP, où elle a perdu sa représentativité… Sa soif d’unité ne sera cependant pas déçue, ce n’est pas la CGT qui manquera à l’appel quand il s’agira de faire plus qu’une déclaration, par exemple dans les processions du 1er mai. ;-)
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