mardi, 29 mars 2022 16:54

Epargne retraite SG : Le point à la commission paritaire du 28 mars 2022

Écrit par
Évaluer cet élément
(46 Votes)

Commission paritaire - 28 Mars 2022


(rappel : avant de cliquer sur le lien, vous devez être connecté au site (identifié), pour avoir accès au document PDF)
 

En amont de la commission de suivi de l’épargne retraite Société Générale, la direction a fait preuve – à nouveau sur ce sujet – d’une certaine mauvaise foi. Non seulement, le document de présentation du bilan (70 pages disponibles ici) a été envoyé le vendredi après-midi (pour une réunion le lundi) mais en plus, les slides étaient particulièrement «bien orientés», à la limite du raisonnable et de l’acceptable.

Dans un premier temps, la direction a tenté de  réécrire l’histoire de la fin de l’année dernière sur le transfert de l’ex IP Valmy (ou Epargne Valmy, art 83) vers le nouveau PEROB :

« tout a bien été fait au niveau communication », « s’il y a eu des difficultés, elles sont d’ordre informatique », « les salariés ne s’y intéressent pas et ne comprennent pas »…

Ainsi, tout était bien organisé en termes de réunions d’information : les bugs de la réunion sont dûs aux outils ET au fait qu’avant il n’y avait pas autant de salariés qui se connectaient pour s’informer sur ce type d’épargne (avec le recul, on peut se poser la question de savoir si finalement ça n’arrangeait pas la direction qui pouvait faire sa popote tranquille). Elle a même osé ajouter que « les chanceux participants leur avaient tous fait des retours positifs ». C’est sûr que sans le ramdam fait sur le sujet par la CGT, le sujet serait passé inaperçu, ce qui ne veut pas dire sans conséquences financières pour les salariés.

pi2021formule
 

La direction a dit que :

  • par contre, il y avait bien eu de sa part un choix de comm’ de ne pas « promouvoir une stratégie visant à dévoyer le contrat dont l’objet est de constituer un complément de retraite via rente » ET  qu’un salarié qui décéderait 2/3 ans après son départ à la retraite ne verrait pas son capital atterrir dans la case résultat de SOGECAP mais serait utilisé pour payer les rentes des survivants (sans juger bon de préciser que « plus les capitaux gérés sont importants plus ils se gavent en frais divers »,« plus leur taille critique les aide à participer à des tours de tables plus grands »)...Bref, c’est vrai que ça change tout. En prenant en compte cette info, le salarié sera ravi de savoir que ça va pouvoir profiter à ses collègues...
  • qu’aucun salarié n’avait intérêt à sortir en capital mais dans le même temps et de façon complètement contradictoire que chaque salarié a une situation fiscale différente qui doit être prise en compte séparément.

Les incohérences sont nombreuses. Notamment celle d’un transfert individuel qui aurait pu donner aux salariés le temps de vérifier leur situation personnelle et le faire à bon escient contre la décision unilatérale les obligeant à transférer sans possibilité de revenir en arrière...

Il y aurait à date quelques erreurs : 9 transferts réalisés alors que l’opposition a été formalisée. Ça leur pose un gros souci technique mais ils y travaillent pour atterrir sur une solution.

Pensez à bien vérifier que votre éventuelle opposition au transfert a bien été prise en compte dans le courrier que vous avez reçu à votre domicile (ou sur le site Sogeretraite).  En cas de difficultés, n’hésitez pas à nous solliciter.

A date, d’après la direction, 140 millions d’euros n’auraient pas été transférés (contre 688 qui l’ont été). Soit, 5.649 adhérents qui se sont opposés au transfert (dont 395 expatriés) et 34.000 adhérents qui ont vu leur transfert collectif réalisé.

Concernant les PERCO, dont le transfert devait se faire à l’initiative des salariés : 12 000 euros transférés à date (attention, pas 12 000 PERCO, NDLR). Bizarrement la direction n’avait pas le total des avoirs PERCO gérés...mais «c’est pas énorme » dixit Laurent PONTARINI... et ce qui laisse deviner le taux de transfert d’art 83 si cela avait été laissé à la main des salariés (contrairement au transfert imposé par l’accord signé entre la direction, la CFDT, la CFTC et le SNB).

Sur les frais, même numéro de claquettes de V. LEMAIRE, nouvelle intervenante SOGECAP et C. DAY : «Les frais sont qualifiés de raisonnables et en ligne avec ce qui se pratique ».

Première passe d’armes :
CGT : « Quand vous dites raisonnable, c’est que vous les comparez à quelque chose d’existant ? on vous demande de nous communiquer le comparatif qui vous permet de faire cette affirmation »
Direction : « Ha, on ne savait pas que vous vouliez qu’on vous fasse un benchmark »
« Vous savez c’est compliqué de vous le faire. Chaque contrat est individuel, a ses spécificités et il est difficile de comparer ».

CGT : «  Comment pouvez vous alors affirmer que les taux appliqués sont bons si vous n’avez vous-même les moyens de comparer... »
Direction : « Ha mais croyez-nous, on vous le dit ces taux sont bons... »

CGT :« Madame, cette réponse n’est pas audible, ni par nous, ni par les salariés à qui on ne manquera pas de la communiquer : Un benchmark pour défendre votre affirmation OU un maintien de l’opacité qui aurait l’effet inverse ».
Direction : « Ok pour un benchmark à la prochaine session »

Nous pouvons avoir de sérieuses craintes, vu ce qui précède et vu que les comparaisons pourraient se faire sur des contrats individuels et non pas sur un contrat collectif de plus d’un milliard – avec des salariés captifs.

Indépendamment de ce benchmark à venir, nous maintenons donc et interpellons une fois encore la direction sur ces frais de gestion extrêmement élevés additionnés à ceux des fonds de la nouvelle gamme épargne qui ne dérogent pas à la règle.

Le statut de « salariés clients captifs » est traité de façon discriminatoire (vs les clients « normaux ») ce qui a pour effet de majorer la note salée sans crainte d’un taux d’attrition. On peut légitimement se poser la question de rétro commissions entre les gérants de fonds et SOGECAP qui orienterait les choix de ses fonds : On ne privilégie pas la performance ou le faible coût mais la rentabilité pour l’assureur ?

Sur la présentation, tout était biaisée dans les grandes largeurs par des présentations orientées.

Le fonds d’actions MONDE par exemple, sur le slide 41 de la présentation principale, présenté de telle façon que la conclusion écrite a été : « Une très belle année 2021 avec un fonds d’action qui a battu le benchmark dans l’ensemble »

Le rendement de  VALMY Monde non présenté sur les slides mais récupéré par ailleurs, montrait qu’il finissait bon dernier du classement de la présentation SOGECAP ce qui a obligé V. LEMAIRE a concédé que « leur conclusion sur ce slide a sans doute été trop enthousiaste ».

Ensuite, sur la présentation LYXOR, l’intervenant - dorénavant officiellement filiale Crédit Agricole (mais qui a indiqué que globalement rien ne changeait dans les relations avec SOGECAP, … et alors, la marmotte met le chocolat dans le papier d’alu…) - a eu beaucoup de mal à justifier le choix de ses graphique de comparaison. En gros, on nous met le graphique du « placement maison » et on le compare avec un autre graphique externe censé jouer dans la même catégorie.

Comparer le placement VALMY diversifié à un indice 100% obligataire (l’indice Barclays BBG) ne peut pas être corrigé par un troisième graphique actions (CAC 40).

Les simulations avec les performances basées sur un investissement théorique en 2018 avec la connaissance du futur n’ont aucune valeur et peuvent même être considérées comme trompeuses – Il y a un disclaimer en tout petit comme d’habitude sur les performances passées et les performances futures et le choix 2018 -2021...

Dans un document public, tout ceci pourrait valoir une sérieuse amende…

Autre graphique trompeur : Celui du VALMY MONDE mis en perspective avec...roulement de tambours... le CAC 40 ! Réponse de la direction : Globalement ils ont mis des indices qui ne sont pas dans la même zone de benchmark des briques Valmy parce qu’on (nous) leur aurait demandé, par le passé, « de mettre pleins d’indices à titre de comparatif ».  

D’où, le constat d’une présentation biaisée et fortement orientée pour masquer les différentiels de rendement et tenter d’expliciter les frais...

Sur les ETF’s, V. LEMAIRE a dit qu’ils avaient (enfin) réussi à valider techniquement l’intégration d’un ETF, ou peut-être, mais rien n’est acté, un fonds ETF ( après 1 an !) et qu’ils pourraient peut-être nous proposer quelque chose en septembre.

La suite est grosse comme un camion : la direction va sélectionner - en totale autarcie (Laurent PONTARINI a cru bon de rappeler que l’accord avec la CFDT, la CFTC et le SNB leur donnait ce droit) - les fonds où ils vont quand même pouvoir se gaver un peu et qu’ils présenteront à la prochaine commission.

Cet ETF ne sera disponible qu’en gestion libre et sur « le choix final » qui sera retenu par la direction, on est priés d’applaudir et de dire merci comme l’a fait le représentant SNB.

Donc pas de négociation avec la direction ni participation au choix final... à la rigueur, de l’écoute...on peut leur suggérer des ETF’s si on veut (mais sans garantie de prise en compte de notre avis)

Et le gars de Lyxor a cru bon de nous dire (soucieux qu’il était de notre bien-être) qu’il fallait quand même bien faire attention à l’effet de change qui pourrait impacter le rendement. Il s’est un peu emmêlé les pinceaux  dans son exemple en nous disant qu’avec un rendement de 20% et un effet de change, on pouvait avoir 30%... et ses conseils sur j’irais ou j’irais pas sur tel ETF.

L’irritant majeur de la réunion se trouve dans le slide 36 :
La direction a retenu la même grille de frais entre l’«art 83» et le «PEROB».
Mais les taux de rendement du PEROB ont été boostés pour 2021 par rapport à l’art 83 : 2,34% contre 1,59%. Pourquoi un tel différentiel : «c’est un choix commercial» !
C’est clairement une décision punitive et de rétorsion envers ceux qui ont fait le choix de ne pas transférer leur art 83. Bien évidemment, nous allons demander au régulateur ce qu’il pense de ce choix et voir si ce choix est bien légal, d’autant que les actifs n’ont été séparés qu’en octobre. Comment en si peu de temps, peut-il y avoir un différentiel de 65% sur simple décision de la direction ? Est-ce légal ?
Est-ce un abus de pouvoir envers de salariés captifs (les clients qui ne sont pas contents peuvent partir…. Les salariés pas toujours) ?

Toutes ces questions vont continuer à être regardées de près. Surtout à un moment où la question de la réforme des retraites laissent planer de sérieuses craintes.

 echecs
 

Informations supplémentaires

  • onesignal: 0
Lu 2887 fois Dernière modification le mercredi, 30 mars 2022 08:43
Connectez-vous pour commenter