L'immense fonds de pension américain Calpers, qui gère 355 milliards de dollars d'actifs, demande aux sociétés de gestion de dévoiler les affaires de harcèlement en cours et passées. L'objectif est d'écarter un risque financier et réputationnel, alors que, depuis le mouvement #MeToo, les accusations de harcèlement sexuel ont fait chuter le cours des entreprises concernées. Calpers, le plus important fonds de pension américain, qui gère 355 milliards de dollars d’actifs, s’attaque au harcèlement sexuel. Il demande aux sociétés de gestion - auxquelles ils délèguent la gestion financière ou dans lesquelles il détient une participation - de mettre en place une politique "#MeToo compatible", du nom du mouvement lancé sur les réseaux sociaux pour dénoncer le harcèlement et les violences sexuelles. L'enjeu pour les entreprises est donc de devenir totalement transparent sur ces affaires de harcèlement sexuel en cours ou passées. "Il n’est pas surprenant de voir Calpers en tête dans la demande de transparence", a déclaré à Bloomberg Erika Karp, fondatrice et PDG de Cornestone Capital Group. "Ils ont été très proactifs et progressistes dans le passé", juge-t-elle. Une démarche pro active depuis Me too "Concernant le harcèlement sexuel, il a fallu le mouvement Me Too pour qu'une démarche pro-active s’enclenche de la part des investisseurs", estime Jade Dusser Afonso, responsable des analyses de marché au centre de recherche de Novethic. Le harcèlement sexuel est désormais considéré comme un risque financier systémique, comme ce fût le cas pour le climat il y a cinq ans. Le Lacera, le Los Angeles County Employees Retirement Association, qui gère 56 milliards de dollars, a d'ailleurs ajouté les risques de harcèlement sexuel dans ses contrats de gestion. "C’est la meilleure façon de protéger notre investissement d’un point de vue juridique", a affirmé au Financial Times Jonathan Grebel, responsable des investissements. Ce fonds demande en réalité de mettre en place un devoir de vigilance et de prévention pour tous les risques systémiques de l'entreprise, dont le harcèlement fait partie. Un risque financier et réputationnel Des exemples existent déjà. D'abord le dépôt de bilan du studio fondé par Harvey Weinstein. Première cible du mouvement #MeToo, le producteur est accusé de viols et agressions sexuelles par de multiples actrices. S'en sont suivis d'autres cas, celui de Steve Wynn, à la tête des casinos Wynn Resorts qui a démissionné fin janvier à la suite d’accusations de harcèlement sexuel. Le groupe a chuté de 16 % en Bourse. Lorsque Paul Marciano, PDG de Guess, est tombée le 13 juin pour les mêmes raisons, le cours de la marque a dégringolé de 21 %. "Les entreprises qui tolèrent un tel comportement pourraient le payer de multiples façons, des boycotts des clients jusqu’à une baisse des revenus et des profits", renchérit le site Impact Investing Change. Il assure que 2018 sera l’année où les investisseurs responsables prendront en compte le harcèlement sexuel dans leur politique. Source PS: Il reste du travail