ENTRETIEN AVEC UN PATRON
Daniel Bouton a donc reçu la CGT le 1er Octobre et débuté l’entretien par son appréciation positive de la situation actuelle de la Société Générale. Finalement, il y a de quoi se demander pourquoi le mariage raté avec Paribas nous avait été présenté comme une nécessité incontournable de notre survie ! Nous n’avons pu que lui redire notre préférence pour la stratégie mise en œuvre depuis, plutôt qu’à un rapprochement hasardeux et dangereux pour l’emploi. Cela dit, ses projets en matière de « gouvernance d’entreprise » pourraient donner une importance incontrôlable et démesurée à la défense du seul point de vue des actionnaires au sein du conseil d’administration. Nous nous sommes inquiétés notamment de la réduction projetée du nombre des administrateurs salariés… Mais la question ne se posera pas avant 2005 a-t-il assuré.
SIGNÉ FURAX
La même semaine, la CGT a décidé de signer l’accord interprofessionnel sur la formation et le ministre François Fillon a fait connaître son projet réformant les règles de la négociation collective. En instaurant le principe que, pour être valable, un accord doit être signé par des syndicats majoritaires, cette loi pourrait bien bouleverser la donne en bousculant les rôles que les uns et les autres se sont attribués jusqu’ici. D’autant plus si la CGT, qui est toujours la première organisation du pays, y contribue en refusant de se cantonner au rôle de fournisseur attitré de troupes pour les manifestations. Il y a de quoi perturber le patronat qui a construit toute sa stratégie sur la division syndicale depuis des décennies. Il ne serait plus possible ainsi de signer avec des partenaires « privilégiés », il faudrait obligatoirement négocier avec les syndicats désignés par les salariés eux-mêmes. Une nouvelle fois donc, le représentant de l’AFB est monté au créneau dans la presse pour se plaindre des risques que ferait peser sur le « dialogue social » la nouvelle donne… Risques pour qui ? Pour les salariés, assurés qu’un syndicat ne pourra signer seul ? Risques pour les patrons qui ne pourront plus en jouer !
BOUDU SAUVÉ DES EAUX
Quoi qu’il écrive, le SNB a pris seul, et sans se concerter avec les autres syndicats la décision de signer l’accord modifiant les règles d’attributions des indemnités de garde et les allocations études et vacances… et ce sont les autres syndicats, dont la CGT, chacun en est témoin, qui ont mis la pression pour que la Direction revienne en arrière. Le DRH a donc choisi de préserver les susceptibilités de son signataire en donnant « une suite favorable à la demande du SNB » … C’est ce qu’on appelle habituellement un repli stratégique sur des bases préparées à l’avance ! En bref, les anciennes règles sont maintenues (les nouvelles s’y ajoutent) jusqu’à la prochaine déclaration de revenus. Une partie du problème sera donc réglé, puisque la nouvelle loi de finances permet de partager la charge fiscale, notamment pour les concubins… Mais la Direction avoue elle-même ne pas connaître l’impact réel de cet accord. Elle n’échappera pas au débat qui est inscrit à l’ordre du jour de la prochaine commission sociale du CCE.