LECHE BOTTES BLUES
Comme on pouvait s’y attendre, le refus unanime des syndicats de signer un accord prolongeant l’attribution en 2001 du Complément de Gratification Unique a conduit la Direction à concocter un projet unilatéral qu’elle soumet à la consultation de la commission sociale puis au CCE le 17. Cette fameuse gratification dont le montant varie de 0 à plus de 50 000 Frs est attribuée à la tête du client sans aucun autre critère que celui de ne surtout pas déplaire à sa hiérarchie. Au total, le complément représente aux environs de 120 millions de francs tandis que les bonus distribués atteignent désormais près de 2 milliards de francs ! La part de rémunération variable dans la masse salariale atteint ainsi à la Société Générale plus de 20%, le double du reste de la profession. Certes les salaires minima sont aussi plus élevés, mais l’ensemble des salaires est loin de suivre la progression des résultats et de la rémunération des actionnaires. Autant dire que c’est la répartition entre le capital et le travail qui a largement basculé en faveur du capital et que le phénomène est encore aggravé par la répartition inéquitable des rémunérations du travail… La CGT a solennellement mis en garde la Direction à la commission sociale contre un éventuel passage en force. En effet ces rémunérations à la tête du client sont contraires au respect des principes du droit communautaire et constitutionnel, à travail égal, salaire égal ainsi que celui de l’égalité professionnelle hommes-femmes. D’autant plus que les débordements des challenges, classements et concours divers de placement de produits influencent ce type de rémunération et que d’autres principes, ceux relatif au respect des règles de déontologie, sont mis à mal par ces pratiques.
CHAISES MUSICALES
De son côté la commission économique a abordé la discussion du " programme 4D ". La CGT s’est interrogée sur l’efficacité économique discutable du projet, sans parler de ses conséquences sociales. Il est question de passer de 130 groupes actuels dans le réseau à 80 Directions d’exploitation commerciale " organisées d’après les lignes métiers. Outre les probables économies d’échelle espérées, on installe ainsi des " spécialistes " de plus en plus éloignés du terrain, sans connaissance directe du client… Sans compter que pour les actuelles équipes de direction, le jeu risque fort de se terminer comme celui des chaises musicales. Cette réforme semble en outre bien mal ficelée, notamment par la mise en œuvre des projets d’application des 35 heures par exemple dans le cas des agences déjà très éloignées entre elles. Ceci devrait inspirer quelques Directeurs de groupe qui ont tendance au dérapage et à une interprétation toute personnelle de l’accord dans l’élaboration de ces projets… S’agit-il, encore une fois, comme le dit la Tribune, d’une réforme inspirée par la pression des marchés ou bien de la volonté du Directeur du Réseau d’imprimer sa marque ? Il faudra être bien plus clair en toute hypothèse sur la stratégie et surtout tenir compte de l’avis du personnel pour emporter son adhésion.