LES NOUVELLES DU FRONT
La longue réunion de négociation du 8 juin s’est conclue par l’interrogation inquiète d’Alain PY, le patron de la DRH, aux syndicats : dans quel délai donnerez-vous une réponse à mon projet social ? Une version quasi définitive du texte devrait nous parvenir le 16 juin, avant l’ultime réunion de négociation prévue le 23. Le projet comporte pour l’essentiel 4 chapitres : mesures salariales, médailles du travail, congés spéciaux, maladie et maternité, et création d’une commission de recours pour les situations individuelles et l’interprétation des accords. L’inquiétude de la DRH s’explique : sans amélioration significative, les propositions de la Direction au 8 juin sont encore inférieures dans l’ensemble aux anciennes dispositions " maison " et aux accords d’entreprises dénoncés… ce qui pourrait conduire à ce qu’aucun syndicat n’accepte de signer. Nous attendons donc des réponses à plusieurs propositions faites par les syndicats sur la fixation des minima à l’ancienneté et en cas de changement de niveau, sur les primes accordées pour la médaille du travail, sur la prise en charge des jours de carence pour arrêt de maladie et sur le fonctionnement de la commission de recours, par exemple. L’avenir du complément de gratifications unique est encore plus compromis. Instauré en 1993 par un accord signé par un seul syndicat, le CGU, versé fin janvier suscite de nombreux mécontentements, ne serait-ce que parce qu’il varie entre 0 et 50 000 Frs… Baptisé rémunération " variable ", comme les bonus, il s’agit plutôt d’une rémunération discrétionnaire, c’est-à-dire arbitraire, ce que n’ont pas manqué de critiquer tous les syndicats, y compris l’ancien signataire. Tous ont exigé l’instauration d’un plancher, ou d’une part distribuée à tous… PY a obstinément refusé, renvoyant à plus tard, peut-être dans les 2 ans la création d’une " masse partagée ". En fait, la DRH n’a d’autre projet à proposer que de payer le CGU en mars plutôt qu’en janvier ! Telle la mode qui n’est qu’un éternel recommencement, nous reviendrons ainsi au rétablissement de la " prime de bilan " d’avant la grève de 74, attribuée alors à la tête du client ! La grève avait eu alors pour effet de garantir le paiement de 14,5 mensualités à tous… un retour de 25 ans en arrière. On peut se dire évidemment que c’est pire à INFI, non concerné par le CGU, mais où les bonus varient entre 0 et plusieurs dizaines de millions de francs. On notera qu’à côté de ces rémunérations arbitraires et non pas variables, l’intéressement, qui est destiné précisément à créer une rémunération liée aux résultats de l’entreprise a diminué de 2% en moyenne… et que lorsque l’ancienne formule de calcul a risqué de le faire progresser considérablement, la direction a changé la formule. Bref, avec la participation volontaire ou involontaire des différents signataires, la Direction a construit un système salarial ou l’arbitraire tient de plus en plus de place, plus de 20% des salaires de base aujourd’hui, et ça coince tellement qu’elle risque d’avoir le plus grand mal à trouver un candidat à la signature pour cautionner le CGU.